Encyclopédie des Longs-Métrages 1929-1979 - Tome XVI # 16.

Publié le par Armel De Lorme

Encyclopédie des Longs-Métrages 1929-1979 - Tome XVI # 16.

Le Fantôme de la Liberté / Luis Buñuel / 1974.

Bien plus qu’un film déroulé du début à la fin en mode marabout-de-ficelle, une succession ininterrompue de cadavres exquis, alignés par le fantôme d’un vieux misanthrope indigne mais facéteux. Le tout – de façon très assumée semble-t-il – réalisé en mode mineur : en terme de réalisation stricto sensu, Le Fantôme de la Liberté n'atteint jamais, sur la longueur, le niveau de L’Ange exterminateur ou du Charme discret de la bourgeoisie, un peu comme si le fond devait primer sur la forme, le script sur la mise en scène, la direction d’acteur, impeccable, sur l’écriture proprement dite. Avec le sentiment, malgré tout, sur la dernière ligne droite, que l’ensemble n’est pas aussi anecdotique - ni paresseux - qu’il veut bien s’en donner l’air. Passée la première intervention de Claude Piéplu, commissaire de police obtus confronté à la vraie-fausse disparition d’une fillette qui est là sans être là, la machine s’emballe, la mise en scène décolle et la mécanique filmique bascule de façon imperceptible dans quelque chose qui tiendrait à la fois de l’absurde le plus échevelé et de la folie la plus débridée. Il n’en sort plus, jusqu’à la conclusion, et c’est tant mieux : derrière le ronron aimable, parfois surprenant, des deux premiers tiers du film, la dernière demi-heure semble rétroactivement éclairer tout ce qui a précédé, un peu comme si Buñuel, malin comme il n'est pas permis, avait dès le commencement, fait le choix délibéré de doser ses effets soixante minutes durant et de conserver le meilleur pour la fin. (...)

© Armel De Lorme / L'@ide-Mémoire, droits réservés.

Photo : De gauche à droite, François Maistre, Alix Mahieux, Maryvonne Ricaud, Jenny Astruc, Jean Rougerie et Marie-France Pisier.

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