Encyclopédie des Longs-Métrages 1929-1979 - Tome XVI # 13.

LA FEMME DU GANGE / Marguerite Duras / 1972.

Une photographie sublime mise au service (ou pas) d'un texte superbe (et réciproquement).

Seul bémol, mais quel bémol : les deux ne vont pas du tout ensemble, qui fait un peu penser, sur la durée, à un roman-photo façon Cino Del Duca, avec la Rumba des Isles en fond sonore.

Une mendiante.

Folle ?

C'est ça.

Pas moins horripilant que Baxter, Véra Baxter (Duras, 1976) – on a échappé à deux heures de musique des Andes en boucle – mais pas forcément beaucoup plus réussi. La seule photographie, aussi belle à couper le souffle soit-elle, ne fait pas le style, pas plus que la présence conjuguée à l’écran d’acteurs dotés d’un magnétisme rare (Depardieu première période, Christian Baltauss, Nicole Hiss…), statufiés dans des cadres eux aussi de toute beauté, ne saurait se substituer à l’écriture. Et Duras, déjà, semble fâcheusement s’auto-parodier, sans en avoir toujours conscience.

Mais Dieu que Catherine Sellers (1926-2014), était belle, elle aussi, plus que belle et mieux que belle, même, et de toute évidence, faite pour l’écran : Duras exceptée, seul Resnais – l’espace d'une scène ou deux de Stavisky… (1973) – s’en sera aperçu. Et le Cinéma français n’aura pas brillé par son imagination en invitant si peu souvent (quatre fois tout au plus) à prendre part au bal des actrices cette artiste rare, aux deux acceptions du terme, souvent qualifié, à raison, de comédienne souveraine et d’amazone des planches.

© Armel De Lorme / L'@ide-Mémoire, droits réservés.

Encyclopédie des Longs-Métrages - Tome XVI (De F... comme Fairbanks à La Femme spectacle).

Sortie le 1er juin 2016.