Absents en 2018... et après # 01.

Publié le par Armel De Lorme

Geori Boué

 

1918-2017

 

 

 

« Geori Boué ouvre, en beauté, du moins l’espérons-nous, le présent chapitre, mais elle aurait tout aussi bien figurer dans le précédent, tant elle sut faire montre vis-à-vis de Guitry d’une amitié et d’une fidélité déclinées au plus-que-parfait. Aussi vrai que l’amitié est, par essence, sincère, indéfectible et prompte à exercer ses droits dans le bonheur comme dans l’adversité, Geori Boué fut une amie rare pour Guitry, d’autant plus rare peut-être que l’amitié, chez Sacha, et à deux ou trois exceptions près, se déclinait généralement au masculin. De leurs relations tant professionnelles qu’extra-professionnelles, une poignée d’interviews circonstanciées ont conservé la trace, auxquelles le lecteur, s’il le désire, pourra se rapporter. Geori Boué, passée dans l’intervalle de la scène au professorat, y revenait longuement sur les circonstances ayant conduit Guitry, à la recherche d’une Maria Malibran idéale – belle, jeune, chantant de façon divine et capable, le cas échéant, de s’accompagner à la harpe 1 – à proposer le rôle, accompagné d’un somptueux bouquet de roses, à la jeune cantatrice. Venue de sa Toulouse natale, Geori Boué, alors âgée de vingt-quatre ans, était « montée » à Paris afin de chanter le rôle-titre de Thaïs sur la scène du Palais-Garnier, et si l’on s’en réfère à l’entretien qu’elle accorda à Jacques Lorcey, ce fut le petit-fils en personne de l’auteur, M. Besson-Massenet, qui souffla son nom à Sacha. Alors vierge de toute expérience cinématographique, Geori Boué traversa sans encombres – et non sans mérites – un tournage éprouvant jalonné de difficultés sans fin, arrondissant les angles entre Guitry et son compositeur Louis Beydts, endossant le rôle assez ingrat de la confidente patiente et avisée à chaque nouvelle crise de nerfs de Geneviève de Séréville, évidemment vexée de ne bénéficier que d’une courte scène et prête à aller refaire sa vie ailleurs, composant avec les ennuis de santé des uns et des autres, s’accommodant vaille que vaille du cabotinage éhonté de Suzy Prim lors de leur scènes commune et feignant (ou feignant de feindre) de ne se rendre compte de rien quand son partenaire et metteur en scène, au prétexte d’une scène de baiser profond, s’avisait de lui faire, sans en avoir l’air, un brin de cour ».

 

Extrait de Un Monde fou ou le Cinéma de Sacha Guitry et ses interprètes - Volume II, Armel De Lorme, 2016.

 

© Armel De Lorme / L'@ide-Mémoire. Toute reproduction même partielle interdite, sauf autorisation écrites des auteur et éditeur.  

 

 

 

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