Anniversaires # 01

Publié le par Armel De Lorme

Anniversaires # 01

C'était il y a exactement dix ans, et j'abordais la dernière ligne droite de la rédaction de ce que je pensais, très sincèrement, à l'époque, devoir être à la fois mon premier, unique et dernier livre de cinéma. Naïf que j'étais. Depuis, il y a en a eu dix-neuf autres, le vingtième paraît la semaine prochaine, et les deux suivants sont quasiment bouclés plusieurs mois à l'avance.

Je ne pouvais pas savoir non plus, en 2005, que de l'équipe de départ ne resterait qu'un seul : votre serviteur. Que mes relations avec ITALO MANZI - culture encyclopédique, mémoire vive, intelligence et générosité en rapport s'estomperaient au fil des ans, simplement, sans heurt, parce que c'est la vie qui veut ça. Et qu'il en serait de même avec JEAN PIEUCHOT, être affable, disponible, bienveillant, infiniment généreux lui aussi. Que RAYMOND CHIRAT nous quitterait trop tôt, lui qui était du bois dont on fait les centenaires. Que le premier de la liste, alphabétiquement partant, et que je n'ai pas envie de nommer, balaierait à quatre reprises d'un revers de la main - heureuse influence d'UNSERIOUS PUBLISHING et de FILOU LOCO sur quelqu'un dont il m'aura fallu quinze ans pour admettre que le nanisme qui le fascine tant chez les acteurs de petite taille n'est somme toute que le reflet moral de sa propre personne ? - mes tentatives réitérées d'être enfin rémunéré pour mes contributions à certain ouvrage collectif par eux publié en 2011. Qu'ils sachent aussi que, contrairement aux idées reçues, le temps n'efface pas les dettes. Jamais. Qu'ils sachent aiussi que ce cher Raymond, auquel je m'en étais ouvert à plusieurs reprises, les tenait pour de parfaits escrocs avérés, là où je les considérais plutôt - je peux être gentil, et candide, parfois - comme d'imprudents inconscients. Dérushage cursif :

- C'est normal de prendre 45 % des ventes à titre d'éditeur, compte tenu du temps de travail (et celui des coauteurs, donc ?) et de la prise de risques (novembre 2011). L'ouvrage concerné a été imprimé à l'étranger, financé en grande partie par l'argent public provenant du CNL et des souscriptions privées.

- Tu comprends, ça nous ennuie de faire de la paperasse pour de petites notes de droits d'auteur (printemps 2012). Eh bien, si cela vous ennuie d'établir de petites notes de droits d'auteur, faites-en des grosses, comme ça tout le monde sera content, et n'en parlons plus.

- Tu comprends, tous les autres auteurs - sauf toi - ont tous accepté de ne pas être payés (automne 2012). Faux. Italo Manzi attend, lui aussi, qu'on le rappelle à ce propos depuis bientôt quatre ans.

- Excuse-moi, je dois partir, je n'ai pas le temps de reparler de tout ça (septembre 2013).

- Tu comprends, les temps sont durs... (mars 2015). Je confirme : ils le sont encore plus quand une paire d'heureux margoulins capable d'effacer unilatéralement ses dettes vous doit encore quelques milliers d'euros au bas mot.

Voilà en grande partie pourquoi L'@ide-Mémoire, initialement conçu comme un projet fédérateur et collégial, continue, et continuera longtemps, mais autrement, un peu en mode "cavalier seul", avec néanmoins, ceci compensant heureusement cela, les apports incessants de correspondants anonymes qui nous permettent, à Stéphane et moi, de continuer à essayer de faire un peu mieux à chaque fois.

Armel De Lorme, septembre 2015.

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